Nos statistiques de consommation tirées du maxitest battent en brêche certaines idées reçues sur la pollution des deux roues, motos et scooters. Il y a quelques mois, l'ADEME présentait les résultats d'une étude tout aussi démonstrative.
M.a.j. : 28-11-2007
L'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) a présenté courant 2007 les résultats d'une étude visant à comparer les consommations et émissions de polluants et gaz à effet de serre pour l'automobile et la moto. A nouveau, les résultats sont encourageants et la surprise au rendez-vous : contrairement à l'idée reçue, les deux roues luttent efficacement contre l'effet de serre, mais polluent encore trop "localement". Revue de détails
Une tolérance supérieure pour les deux rouesLe nombre total de deux roues vendus en 2006 (230 000 unités pour les + de 50 cm3), ne représente que 10% du parc automobile mis en circulation cette même année. Jusqu'à il y a peu, cette faible proportion de deux roues dans le paysage du transport individuel ne motivait guère la mise en place de normes anti pollution. Mais sa nette croissance du fait de l'explosion du marché des 125 cm3 a dernièrement accéléré la prise de conscience des autorités, avec tout récemment l'application de la norme Euro3. Ses seuils de pollution sont encore globalement supérieurs à ceux en vigueur pour la norme Euro4 automobile. Seul le seuil de CO2 est inférieur de l'ordre de 40 %, un deux roues consommant globalement moins qu'une automobile et produisant donc moins de gaz à effet de serre (voir les moyennes de consommation du maxitest moto-station). La norme Euro3 moto (entrée en vigueur en 2006) correspond donc à peu près à la norme Euro2 voiture (entrée en vigueur en 1996). Un écart en terme de seuils (voir le détail joint) que la moto et le scooter sont amenés aujourd'hui à combler plus rapidement que leurs homologues à quatre roues, et ce n'est qu'une étape. La prise de conscience touche aujourd'hui uniformément chaque secteur.
Euro3, mon amie !Euro3 n'a pourtant pas la cote du côté des motards "pur et durs". Incitant les constructeurs à la mise en place d'une alimentation par injection électronique (le plus souvent), d'un pot catalysé et parfois de dispositifs additionnels pour contrer les causes de la pollution atmosphérique, elle est directement ou indirectement rendue responsable de la complexité grandissante et dans une moindre mesure de la prise de poids des deux roues. On lui reproche également une perte de puissance des moteurs, et une gestion plus difficile des accélérations... Des critiques qui tendent pourtant à s'amoindrir avec le temps, il suffit pour s'en convaincre de tester les dernières productions en date.
La raréfaction des motorisations deux temps très polluants chez les + de 50 cm3 (mais encore trop présents chez les petits cubes) et de l'alimentation par carburateur (qui gère moins efficacement le mélange d'air et d'essence) joue un rôle favorable dans la lutte contre la pollution. Et ceci influence également l'orientation actuelle des nouveaux modèles en termes d 'agrément et de rendement moteur. Selon Bertrand-Olivier Ducreux, ingénieur au département des transports à l'ADEME :
"Si les normes sont contraignantes, elles ont permis à l'utilisateur de deux roues motorisé de bénéficier d'avancées en terme d'agrément de conduite. Avec Euro3, la performance et le rendement des moteurs a augmenté. L'injection est plus facile à régler qu'un carburateur, et beaucoup moins sujette aux variations. Elle a permis de travailler les bas et mi régimes indépendamment de la puissance brute et surtout d'optimiser la combustion. Ceci se montre bénéfique en environnement urbain, le plus pollué."
Les motards sensibles à l'environnementA n'en pas douter, Euro3 a été un véritable challenge pour les constructeurs moto, synonyme d'investissements lourds... Mais en contre-partie, elle est aussi devenue un argument commercial évident, en phase avec de nouvelles attentes chez les motards. Selon notre sondage en ligne, près de 3 sur 4 font aujourd'hui entrer la consommation et donc la pollution dans leurs premiers critères de choix ! Un changement de mentalité qui devrait à terme tordre le cou aux idées reçues et redorer l'image de la moto et du scooter auprès du grand public, alors que la norme Euro4 est déjà évoquée pour les deux roues du côté de Bruxelles...
Par benoît Lafontaine et M-S
A retenir :- Un deux roues motorisé Euro3 produit moins de gaz à effet de serre et consomme moins qu'un Euro2, le renouvellement du parc est donc souhaitable.
- Les moyennes cylindrées représentent le meilleur compromis agrément/pollution en ville.
- La réglementation doit évoluer compte tenu des bons résultats obtenus par les deux roues.
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b]Les préconisations de l'ADEME :[/b]- Créer un cycle d'homologation représentatif, surtout pour les 125 encore trop polluants
- Garantir la durabilité des prestations de dépollution
- Limiter les émissions par évaporation
- Inclure les cyclomoteurs (cylindrée < 50 cm3) hyper polluants dans la réglementation
- Poursuivre la réduction des seuils
Merci à Carole Le Gall, Directeur Energie, Air et Bruit à l'ADEME, Bertrand-Olivier Ducreux, Ingénieur au département téchnologie des transports, pour leur aide lors de la réalisation de ce dossier. Vous retrouverez le dossier complet ayant servi de base à cet article sur le site de l'ADEME.
Pour les automobilistes, le site de l'ADEME dispose d'un outil d'aide au choix d'une voiture en fonction de l'utilisation et du niveau de pollution en CO2 : [url]www.ademe.fr/internet/aide_choix_vehicule [/url]
Promotion Euro3 2006 : Les deux roues bons élèves !Afin d'étayer ses propos, l'ADEME a réalisé une série de tests sur un trajet de 31 kilomètres entre Linas (91) et Paris (75) aux heures de pointe, avec quatorze motos et scooters de 125 à plus de 950 cm3.
Avec à l'issue, une comparaison entre la quantité totale de polluants émis par les deux roues et celle émise par quatre voitures.
Il ressort de cette étude que plus la cylindrée d'un deux roues augmente, moins il pollue. Logiquement, les grosse cylindrées peuvent embarquer une technologie plus volumineuse sans grever leurs performances. Entre Euro2 et Euro3, l'émission des gaz à effet de serre diminue de l'ordre de 7 à 25%, un effet lié à la consommation, en baisse d'au plus 25% pour les grosses cylindrées. Cette consommation est également inférieure à celle des automobiles. La production de CO, de HC et de NOx est par contre à la défaveur de la moto. Trop d'hydrocarbures restent mal brûlés.
Par ailleurs, l'ADEME démontre que les deux roues motorisés sont les véhicules les plus propres au niveau de l'émission de gaz à effet de serre (CO2), même si les 125 et surtout les 50 cm3, ont encore de gros progrès à effectuer dans le domaine. Par contre, quelle que soit la catégorie de deux roues, la production de NOx est inférieure à celle d'une voiture Diesel.